C’est un peu le bazar, mais au moins ça vit. Première fois depuis la COP à Glasgow que l’on peut manifester, c’est plutôt bien. C’était impossible à Sharm Al Sheikh, ni à Dubaï, ni à Bakou. Ils étaient partis pour financer l’arrêt de la déforestation, mais l’Europe est arrivée avec ses objectifs de réduction de la température, les pays du Sud sont vent debout pour obtenir une transition juste et les peuples autochtones sont dans la rue. La Chine est absente et fait son lobby ailleurs. Les US, l’Inde ne sont pas là non plus.
Pourtant des choses bougent en cette première semaine comme une montée en puissance des exigences en amont de phase de la négociation finale.
La première des demandes des pays du Sud est la Transition Juste dans le cadre du BAM (Belem Action Mechanism) . En un mot, les pays du Sud, plutôt pauvres, ont de quoi sauver la planète avec leurs forêts et leurs océans. Les pays du Nord , plus riches, polluent plus et manquent de forêts. Le Bloc Sud est visiblement très motivé. L’Europe est OK mais veut adapter les mécanismes et la Chine et le G77 sont d’accord. Ils devraient y arriver mais il y a encore un peu de négociation.
Après la honte de Bakou sur les énergies fossiles, ce point a été remis in extremis à l’ordre du jour. Mais la coalition Kick Big Polluters Out a répertorié plus de 1600 lobbyistes liés à l’industrie des énergies fossiles, dont Monsieur Pouyanné de Total Energies. Cela promet des discussions houleuses car la demande en énergie fossile ne diminue pas.
Le Brésil peut servir d’exemple : depuis la crise pétrolière des années 1970, le pays a fait des choix énergétiques audacieux. Il dispose aujourd’hui d’un parc automobile largement flex-fuel, d’une essence contenant 30 % d’éthanol (contre 10 % en France) et d’une électricité issue à près de 90 % de sources renouvelables (60 % hydro, 14 % éolien, 5 % solaire). Le nucléaire reste marginal, ce qui laisse une marge de progression, notamment pour faire face aux sécheresses aggravées par le réchauffement climatique.
Le débat devra aussi intégrer la discussion avec les peuples autochtones. Un homme de 36 ans du peuple autochtone Guarani Kaiowa a été tué d’une balle dans la tête, dimanche 16 novembre, dans une réserve indigène à Iguatemi, dans l’État du Mato Grosso do Sul (centre-ouest). Il défendait son territoire contre des exploitants lourdement armés. Cela monte à 211 le nombre de morts dans ces conditions au Brésil.
À bord du “Bateau de la Réponse”, des militants, soutenus par Raoni Metuktire, célèbre représentant du peuple Kayapo et défenseur de l’Amazonie, dénonçaient le méga projet de voie ferrée Ferrogrão, promu par des entreprises de l’agrobusiness brésilien pour exporter à moindre coût leur production à l’étranger. Un projet qui entraînerait une déforestation massive de 5 millions d’hectares.
En tout, 1000 associations sont venues pour le Sommet des Peuples avec des revendications qui vont de la souveraineté alimentaire, du féminisme à l’anti racisme et au retour à la Terre. Bref la COP 30 n’est pas finie. Elle va nous secouer.
A suivre donc.
Photo Photo by Ricardo STUCKERT / BRAZILIAN PRESIDENCY / AFP

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